mon quartier le Longdoz - mon quartier le Longdoz - mon quartier le Longdoz - mon quartier le Longdoz
|
Dans la photo de la coopérative qui apparaissait dans une autre page, un visiteur du site, Daniel Bastin *, a reconnu un endroit très familier. En effet, il y a vécu dans son enfance et sa maman fut une des dernières gérantes. Ce surfeur m'a donc gentiment donné de précieuses informations qui m'ont permis de donner vie à celle-ci, implantée dans notre quartier jusque dans les années 60 (voir photo en bas de la page). Un mini historique sur le mouvement coopératif s'inspire d'un article paru dans la revue "Traverses", d'un extrait du site du PS et de Lebègue, "associations ouvrières", Bx, 1871. Les photos proviennent de mon fond personnel, de notre ami surfeur et des 2 ouvrages suivants : V.Lejeune et M.Moisse, Liège, les 200 plus belles cartes postales anciennes, éditions du Molinay, Andenne, 2000 et J.F. Angenot, 1000 ans de commerce à Liège, Eugène Wahle éd, Liège, 1980 |
|||
Le contexte de l'apparition des coopératives![]() Les coopératives sont un des chemins que les ouvriers ont trouvé pour s'affranchir des lois du capitalisme. Il s'agissait de créer une association qui fixerait ses propres modes de fonctionnement sur bases volontaires, avec égalité de droit de décision des membres et répartition des bénéfices entre les coopérateurs. L'expérience a démarré en Angleterre en 1844 avec la coopérative des tisserands de Rochdale, près de Manchester et s'est développée dans 3 grands secteurs, la production, les banques et les assurances et la consommation pour obtenir le meilleur rapport qualité/prix. En effet, des coopératives de consommation s'étaient progressivement mises en place dès le début du 20e siècle pour fournir, aux travailleurs, leur alimentation, leur habillement, leur charbon... Les prix étaient ceux du commerce, mais le membre, consommateur-coopérateur avait droit à une ristourne, le « trop-reçu », représentant « leur » part du bénéfice annuel réalisé ». La coopérative de la rue Grétry relève de ce domaine de la consommation, qui fut depuis lors absorbé par les grandes chaînes de distribution (un secteur à part qui connaît encore un certain succès est celui des pharmacies) |
|||
![]() |
Le mouvement coopératif à Liège Il y eut plusieurs coopératives à Liège, l'Union Coopérative (Coop) dont nous parlerons surtout mais aussi l'économie liégeoise qui avait plusieurs magasins au centre ville et un dépôt rue Florimont. Créée un peu avant la 1ère guerre, les effectifs de ses membres grandirent rapidement puisqu'on passe de 700 en 1913 à 1856 en 1921. Ces infos et 3 photos dont celle-ci sont reproduites dans "Liège, les 250 plus belles cartes postales anciennes" . Marc Moîsse, dans sa maison des éditions du Molinay, a ainsi préservé bon nombre de souvenirs du pays de Liège, qui sans lui ne seraient plus accessibles qu'à quelques collectionneurs. Soyons-lui donc très reconnaissants pour ce travail de mémoire. |
||
La 1ère coopérative fut crée à Liège en 1864. Les magasins Coop étaient nombreux dans la région liégeoise. Chaque magasin avait son numéro. On en trouvait par exemple deux à Herstal, un à Micheroux et Vaux-sous-Chèvremont ..... Tout le système de l'Union Coopérative était une branche de l'ex POB devenu PS auquel on peut attacher aussi les maisons du peuple, les pharmacies populaires et "les grands magasins de l'Union coopérative", situés à gauche de la Place Verte, en allant vers la place St Lambert (voir ci-contre) Le dépôt principal se trouvait à Droixhe juste à côté de la centrale électrique. Certains bâtiments existent toujours et sont occupés par des commerces. On y trouvait aussi bien des bureaux que les entrepôts où les marchandises étaient classées en solides, liquides ou conserves. Un bâtiment à part contenait alcools, vins et bières; isolé des autres car, par son contenu, il relevait d'une surveillances des douanes et accises. On y transvasait certains vins car il y avait des machines à poser les bouchons. Les marchandises étaient acheminées en grosses caisses de bois assez spéciales. Toutes portaient le nom COOP et un papillon portant le numéro du magasin était collé sur chaque flanc pour la facilité du chauffeur. |
![]() |
||
Le contexte du témoignage: les années 60 en Grétry La coopérative était installée au 156 de la rue Grétry, dans la portion faisant face au bloc de maisons situé entre la rue Lairesse et la rue des champs. Entre la boulangerie et le magasin il existait le garage "Simca" de chez Wège, concurrent d'avec le garage Crahay qui lui se trouvait de l'autre côté de la rue, une maison avant la rue Lairesse. Ce hall a depuis été transformé en salle de vente. Ces deux garages se réuniront plus tard pour former la société des dépanneurs réunis. Le quartier était bien actif car plusieurs entreprises tournaient encore assez rondement. On y trouvait TAF (Jubilé), Colgate (Palmolive), les deux unités de la Coopératives, Englebert, le tout nouveau Delhaize, sans oublier les divers petits ateliers qui existaient partout dans le quartier. Les commerces locaux pouvaient subsister rien qu'avec la clientèle de proximité. Ce n'était pas encore des magasins de "dépannage" car c'est dans le quartier que l'on allait faire les courses. Celles-ci se faisaient majoritairement le samedi après-midi. |
|||
|
Le témoignage de Daniel Bastin Je me souviens que le samedi était un jour de grande affluence et que le magasin fermait très tard. Ce magasin N°1 aura été ma première salle d'étude car un grand bureau avait été installé dans le fond de l'épicerie, juste avant les trois marches permettant d'accéder à la partie boucherie-charcuterie. Deux grands radiateurs centraux chauffaient le local. Hiver comme été ils étaient brûlants. Derrière il y avait la réserve où chaque semaine les camions du dépôt de Coronmeuse venaient livrer la marchandise commandée. A la période de Saint Nicolas et de Noël le comptoir de droite se garnissait de sucreries et de jouets. Attention, défense de toucher ! C'était le temps où l'on pesait une grande partie des aliments et le prix était annoncé par la vendeuse car il fallait regarder sur l'aiguille de la balance pour déterminer le prix au kg sans se tromper de colonne. Il y avait encore des saisons pour les fruits et les légumes. Suivant la période de l'année, les senteurs qui embaumaient le magasin variaient.
Venons-en aux clients. Ils étaient pour la plupart du quartier mais certains venaient de bien loin ou plutôt ils faisaient leurs courses avant de regagner leur maison. Des ristournes étaient octroyées aux acheteurs. Je me souviens d'un carnet de coopérateur où l'on appliquait des timbres. A la fin du dit carnet ou de la page, la ristourne était déduite et ma maman gardait ce document. |
||
Pour ce qui est de la boulangerie, le pain était fabriqué sur place et portait sur la croûte inférieure les lettres UC. Il était distribué dans tous les magasins de la région de Liège ainsi que la pâtisserie (je ne sais pas si elle était fabriquée rue Grétry mais on n'en recevait que le samedi). Il existait aussi un système de camionnettes qui portaient les pains dans les quartiers. C'est ainsi que ma grand-mère, habitant Herstal, était fournie par un livreur de l'Union Coopérative. Lorsque certaines marchandises manquaient, on allait en rechercher rue Ansiaux. Le bâtiment de la rue Ansiaux appartenait aux Pharmacies Populaires qui y avaient leur stock. Si nos souvenirs sont exacts, la façade était de couleur coquille d'oeuf à jaune clair. |
|||
Les trois étages du magasin étaient occupés par des gens de L'U.C. Au premier, c'était notre appartement car les gérants étaient logés, à titre d'avantage en nature. Les deux autres étages étaient occupées par des cadres de l'U.C.. Il n'y avait qu'un seul numéro pour les trois appartements. Un deux cadres s'appelait Schaebel et il avait un gros chien policier. L'autre s'appelait Henrotte. Les obligations de la gérance, autres que de tenir le magasin, étaient les suivantes : le nettoyage des lieux (magasin, réserves, caves et parties communes jusqu'à l'habitation), et le maintien du système de chauffage en ordre de marche ainsi que l'approvisionnement quotidien en charbon de la chaudière. Le charbon était gratuit (de mémoire). J'oubliais, la gérante était aussi standardiste téléphonique. |
![]() * au sein d'une association, notre témoin Daniel Bastin oeuvre à la conservation de la ceinture des forts liégeois. Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire militaire (mais aussi à la nature car ces anciennes fortifications sont les habitats privilégiés par les chauves-souris), rendez-vous sur leur site |